Etes-vous plutôt Growth ou plutôt value ?

Après plusieurs crises boursières majeures, les investisseurs se posent toujours la question : faut-il investir sur les entreprises qui présentent de belles perspectives de croissance (et dont le cours devrait sensiblement monter) ou sur les entreprises dont personnes ne veut malgré leur qualité (en pariant sur un effet de rattrapage du cours dans un avenir qu'on espère pas trop lointain) ?

Une étude sur 110 ans

En 2011, Elroy Dimson, Paul Marsh et Mike Staunton, trois chercheurs anglais de la London Business School, ont entrepris dans une étude intitulée « Crédit suisse Global Investment Returns Sourcebook 2011 » de comparer les avantages qu'il y aurait eu à investir dans la première catégorie (qu'on appelle celle des entreprises de croissance, « growth » en anglais) par rapport au comportement boursier des entreprises de la seconde catégorie (qu'on appelle celle des entreprises « value », en anglais comme en français).

Pour cela ils ont pris les 100 plus importantes sociétés cotées anglaises entre 1900 et 2010 et les ont séparées en deux catégories, en fonction du rendement de leur dividende. D'un côté 50 valeurs à faible rendement du dividende, de l'autre les 50 valeurs ayant le plus fort rendement du dividende.

Pourquoi avoir choisi ce critère ? Après tout, pour différencier les entreprises growth des sociétés value, les spécialistes utilisent aussi d'autres critères comme la valeur d'entreprise, les PER, les anticipations d'analystes de hausse des résultats, entre autres... La réponse est simple : les trois chercheurs ont considéré qu'il fallait faire simple et que ce critères réunissait tous les autres. Un rendement élevé du dividende est presque toujours associé avec des sociétés mal-aimées, à bas PER, et parait donc un indicateur utile de ces différentes mesures.

100 000 fois la mise !

Ils ont ensuite comparé les performances de ces deux groupes sur plus d'un siècle. Leur verdict est sans appel : les valeurs « value » font beaucoup mieux que les valeurs « growth », quelles que soient les circonstances... Jugez-en plutôt : une livre investie en 1900 sur le panier « growth » aurait valu 5122 livres fin 2010, soit un rendement de 8%.

Une livre investie sur l'ensemble du marché aurait rapporté 23 355 livres, soit 4,5 fois plus que le panier Growth et un rendement de 9,5%. Mais -et c'est là que leur étude surprend- si vous aviez misé une livre sur le panier « Value », elle aurait valu plus de 100 000 livres fin 2010. C'est quatre fois que le marché et.... 20 fois mieux que le panier Growth. Pour un rendement moyen de 10,9 par an.

En France, et c'est bien dommage, aucun chercheur ne s'est penché dessus. Mais ce gendre d'études a été aussi faite pour d'autres marchés, et notamment le marché américain, au cours des dernières années, avec, à chaque fois, le même résultat. Il existe des indices Growth et Value pour tous les marchés, suivis par Russell. Sur dix ans, la performance de leur indice Growth Europe sur dix ans affiche un rendement de 6,2% par an. L'indice Value affiche lui, un gain de 6,9% par an. C'est donc bien la conformation de la prééminence de la gestion value...

Nos trois chercheurs se gardent bien d'émettre la moindre raison à cet différence de performances. Il y a sans aucun doute des raisons fondamentales, mais aussi des comportements des investisseurs. Un bon indicateur du poids de cette psychologie des marchés est que les études principales sur cette approche « value » sont sorties dans les années 90, justement au moment même où les valeurs growth, grâce au boom des télécoms et d'Internet, connaissaient une hausse vertigineuse. On sait aujourd'hui ce qu'il est advenu de la plupart d'entre elles...

Reconnaître une valeur « growth »

C'est une valeur qui présente des résultats (chiffre d'affaires et bénéfices) en hausse constante et élevée, année après année. L'Oréal, Carrefour, LVMH en sont des exemples classiques.

L'idée, c'est que le cours de bourse de la société reflète bien sa valeur, or celle-ci augmente plus rapidement que la moyenne. Bien sûr, cette croissance n'a échappé à personne et une valeur growth est plus chère que la moyenne. Elle sera d'autant plus chère que sa croissance est rapide : les valeurs growth de la grande consommation (L'Oréal, Kellog's, Procter & Gamble) seront donc moins chère que les entreprises plus récentes (et parfois moins grosses, mais pas toujours), qui affichent des taux de croissance plus élevés. L'exemple idéal est Apple...

Reconnaître une valeur « value »

C'est une société dont la valeur est sous estimée par le marché. Mais ce n'est pas suffisant. Il faut aussi qu'elle ait un potentiel de rebond et qu'elle ait de bonnes chances de retrouver une juste valeur dans un avenir suffisamment proche...

On considère généralement qu'en bas de cycle économique les valeurs décotées sont systématiquement des sociétés cycliques en retournement, c'est à dire des groupes aux perspectives encore incertaines et contestées. Mais attention, certaines de ces valeurs ont déjà connu une forte hausse à cause de leur présence dans les pays émergents, qui ne sont pas au même niveau du cycle économique que les économes occidentales.

Parmi ces valeurs sous évaluées, de nombreux gérants placent des pétrolières, comme Shell et Total, des pharmaceutiques, comme Sanofi, certains groupes chimiques, comme Johnson & Johnson et des groupes de télécommunications, comme France Telecom.

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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