L'endettement : pas forcément mauvais

Les dettes ont mauvaise réputation. Pourtant, avoir des dettes n'est pas un signe de santé chancelante. Au contraire. Cela veut dire que l'entreprise utilise totalement l'argent des actionnaires (les fonds propres) pour produire, mais qu'elle a besoin de davantage, pour produire plus, financer ses recherches ou investir dans de nouveaux outils de production.

Bref, comme un ménage qui souscrit un crédit pour investir dans une maison qu'il n'aurait pas pu se payer en puisant dans ses revenus réguliers, une entreprise qui s'endette est une entreprise qui investit !

Il y a plusieurs façons de s'endetter. Celle qui est la plus visible est la dette à long terme. Ces emprunts à plus d'un an sont contractés sous forme d'emprunts auprès de banques, d'organismes publics (Caisse des dépots, Oséo...) et sous forme d'obligations lorsque l'entreprise se tourne vers le marché boursier.

S'endetter, c'est bien, trop s'endetter peut être dangereux. Aussi longtemps que les dettes sont inférieures au montant des fonds propres, il n'y a pas danger. Au-delà, il y a souci. Ce ratio doit être apprécié en « net », c'est-à-dire en tenant compte de la trésorerie existante (autre poste du bilan). Dans tous les cas, s'endetter coûte cher : chaque année, il faut dégager de nouveaux moyens pour payer intérêts et capital.

On vous l'a dit : les dettes sont une charge, mais sont aussi une chance. Contracter des dettes peut rapporter gros : une entreprise qui emprunte pour acheter un concurrent peut très bien améliorer son résultat au-delà de l'effort financier que représente les intérêts et le remboursement du capital.

Fin 2007, Rexel, le numéro un mondial de la distribution de matériel électrique, a montré qu'on pouvait grossir intelligemment, tout en étant très endetté. Il a en effet racheté son concurrent néerlandais Hagemayer (chiffre d'affaires 2006 : 6,2 milliards d'euros) pour 3,1 milliards d'euros. Pour financer cet achat, Rexel a emprunté. Mais il a aussi revendu certaines filiales dont il n'avait pas besoin.

Le groupe français Sonepar lui a ainsi racheté les activités nord-américaines et asiatiques d'Hagemayer et d'autres actifs en Europe. Le cash-flow dégagé par le groupe ainsi constitué est suffisamment élevé pour lui permettre de rembourser rapidement ses crédits.

C'est ce qui explique que les investisseurs ont appris à apprécier les dettes d'une façon très dynamique. Après 2001, les entreprises ont cherché à restaurer leur profitabilité, quitte à réduire leur croissance.

Après 2008, elles ont cherché à moins dépendre des financements bancaires, devenus plus rares et plus chers. Depuis, elles sont particulièrement attentives à mettre en face de chaque euro emprunté des perspectives de profit élevées. Une attention à laquelle l'actionnaire est, lui aussi, particulièrement sensible. Car de lui dépend en partie son dividende...

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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