Investisseurs institutionnels : des « Zinzins » pas si fous

A coté des particuliers, il existe nombre d'autres intervenants sur le marché boursier : les entreprises cotées elles-mêmes, qui peuvent intervenir sur leurs propres actions ou celles d'autres sociétés par le biais d'opérations boursières, comme les Offres publiques d'achat, par exemple. Mais aussi une foule d'intervenants professionnels, publics et privés, qui ont pour but de faire fructifier leur portefeuille en procédant à des choix d'investissement judicieux. On les appelle les Investisseurs institutionnels, et parfois, avec ironie et en accentuant les liaisons, les « zinzins ».

C'est un univers très vaste ou cohabitent des fonds d'état (ceux qu'on appelle les fonds souverains), des fonds de pensions (qui gèrent l'épargne de cotisants pour leur fournir un complément de revenu à la retraite), des fonds d'investissements (les Sicav et les FCP, en France), des compagnies d'assurance, des fonds spéculatifs, comme les fameux hedge funds et des fonds de capital-risque, qui aident les entreprises à se développer et les revendent ensuite. Sans oublier l'Etat, actionnaire parfois passif (Air France, Renault...), parfois aussi très actif, et présent aussi par le biais de ses différentes branches d'investissement (en France, c'est le FSI, son fonds de pension institutionnel)...

Il serait sans doute fastidieux de tous les énumérer. Cependant il est utile de connaître l'importance et le rôle de la plupart d'entre eux. Ces intervenants recouvrent, en gros, cinq catégories : les fonds mutuels ou sociétés d'investissement (en France, elles sont appelées Sicav ou FCP), les fonds de pension, qui gèrent l'épargne retraite des régimes par capitalisation, les fonds souverains, les fonds purement spéculatifs et les compagnies d'assurance. 

Les épargnants français aiment l'assurance-vie. Ce placement, qui bénéficie de nombreux avantages fiscaux, est même leur produit financier préféré puisqu'il pèse près de 50% de leur épargne non immobilière. En conséquence, les assureurs se retrouvent avec une masse énorme à gérer : plus de 1300 milliards d'euros. Elles en investissent une grande partie en titres obligataires d'Etat et d'entreprises, mais aussi une grande partie en bourse. S'ajoute à cette épargne qui leur est confiée, les masses des cotisations d'assurance dommages. Quand nous versons notre cotisation d'assurance habitation ou automobile, une partie sert à rémunérer le réseau et la couverture des risques, le reste est investi sur les marchés financiers et sert -du moins si la qualité de la gestion et les marchés le permettent- à extraire des bénéfices financiers.

Les Français sont couverts par un système encore assez protecteur d'assurance retraite. Mais dans d'autres pays, la préparation de la retraite est laissée aux travailleurs et aux entreprises, qui doivent cotiser et épargne pour assurer le versement des pensions. Cela explique le poids financier et boursier de ces mastodontes que sont devenus les compagnies d'assurance.

Cela explique aussi pourquoi, aujourd'hui, les fonds gérés par les assureurs représentent plus du quart du montant total des actifs gérés dans le monde par les institutionnels, soit plus de 15 000 milliards de dollars ! Ces institutionnels sont parmi les plus respectés, car ils sont un facteur de stabilité du marché.

En effet, ils gèrent une relation à long terme. Ils peuvent prendre des risques élevés à court terme, seule façon d'obtenir des rendements élevés, mais lisser cette prise de risque sur le temps, en sécurisant peu à peu leurs gains. L'argent que leur confie un épargnant en année N n'est destiné à être rendu, sous forme de pension, qu'en année N+ 10 ou N+20. Leur horizon n'est donc pas ce qui va se passer dans trois ans, mais plutôt dans trois décennies. C'est ce qui explique que ce ne sont pas les investisseurs les plus actifs et que leur durée de détention des titres est supérieure de moitié à celle du marché.

 

Source : Alternatives Economiques, décembre 2010

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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